Au quotidien, les parents sont donc les principaux acteurs de la prévention de cette déformation. Bien plus encore que les traitements manuels, ce sont surtout toutes ces précautions là qui vont jouer sur l’apparition ou l’aggravation d’un aplatissement de tête. Et il sera bien plus efficace de les appliquer d’emblée plutôt qu’après apparition de la déformation.
Cependant, si vous lisez ces lignes, c’est peut-être parce que la déformation a déjà fait son apparition. Avant toute chose: déculpabilisez! De nombreux facteurs entrent en jeu sur l’apparition des déformations crâniennes, et pas uniquement le couchage sur le dos: prématurité, grossesse gémellaire, extraction avec instruments, torticolis à la naissance, bébé lourd, etc. L’important n’est pas de savoir pourquoi c’est apparu, mais sur quels facteurs vous pouvez jouer au quotidien pour contrebalancer les autres paramètres.
Bien que la plagiocéphalie soit bénigne, et que les études ne montrent pas d’impact sur le développement cognitif (votre enfant pourra faire de grandes études!), il est important de ne pas trop laisser trainer une plagiocéphalie débutante. On sait à présent que cela a un impact sur le développement moteur de l’enfant (induit une asymétrie des chaines musculaires et du poids de la tête ce qui rend plus difficile le maintient du regard à l’horizontal et limite les déplacements sur le ventre (ramping/4 pattes). Par ailleurs, on constate un plus grand risque de troubles occlusaux et de nécessité de traitements orthodontiques sur les années qui suivent, ainsi qu’une association fréquente à des phénomènes scoliotiques. Ce n’est donc pas uniquement esthétique!
Durant de nombreuses années, les pédiatres (qui n’avaient pas de formation spécifique dans ce domaine) avaient tendance à rassurer les parents sur le fait que la tête allait s’arrondir toute seule. On sait aujourd’hui que ce n’est pas vrai: bien qu’il n’y ait pas forcément besoin de thérapie manuelle, ce sont les mesures de repositionnement intensif qui minimisent la déformation. En revanche, si sur une petite plagio ça peut effectivement suffire, les plagiocéphalies modérées à sévères nécessitent une prise en charge à part entière. Heureusement, le discours commence à changer et les pédiatres sont de plus en plus informés, invitant les parents à une prise en charge précoce.
En effet, les capacités de déformation du crâne sont essentiellement présents sur les 6 premiers mois de vie. Plus le crâne grandi, moins il a de chances de récupération. C’est pourquoi les maternités préconisent de plus en plus un contrôle systématique dans les 2 premiers mois de vie.
Par ailleurs, sachez que les aplatissements n’apparaissent pas immédiatement. C’est souvent autour de 6 à 8 semaines de vie que la déformation commencera à être visible.
La bonne nouvelle étant que la plagiocéphalie positionnelle répond bien aux repositionnements intensifs et à la thérapie manuelle. Il est d’ailleurs vivement recommandé d’adresser les enfants présentant un torticolis postural ou musculaire vers un kinésithérapeute et un ostéopathe à orientation pédiatrique. Plus le suivi est précoce, plus les chances de normalisation sont importantes. Le praticiens prendra alors des mesures (avec un craniomètre ou un appareil infra-rouge) pour s’assurer de la progression du traitement. Certains critères peuvent cependant limiter la récupération: oreilles très asymétrique, bombement du front du côté de la déformation, asymétrie de la face, torticolis associé, petite fontanelle.
Passé 6 mois, la thérapie manuelle seule (kiné ou ostéo) ne suffira plus à récupérer la rondeur du crâne de l’enfant. Lorsque le trio conseils / ostéo / kiné atteint ses limites du fait de la sévérité de la déformation ou de l’âge de l’enfant, une orthèse crânienne peut être envisagée.
Cet article a pour but de reprendre les points essentiels à connaître en tant que parent sur les déformations crâniennes. Il ne dispense en aucun cas de consultations de suivi avec votre kinésithérapeute et votre ostéopathe.